Les écluses à poissons

Élu·e en charge : Gérard David Mise à jour : le 5 juin 2018
photo écluse à poissons

Dès le XIVe siècle, les écluses à poissons apparaissent dans les écrits de seigneurs locaux, mais leur existence dans des formes plus simples remonte sans doute à l’époque gallo-romaine

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Un patrimoine millénaire, unique et toujours vivant

Construites sur l’estran rocheux pour être recouvertes par la marée, les écluses sont des ouvrages de pierres, assemblées de manière très précises sans aucun mortier et destinées à la capture du poisson tout en résistant à la pression des éléments naturels.

Leur forme générale est celle d’un fer à cheval dont les deux branches sont ouvertes vers la côte et les murs de forme arrondie qui les constituent peuvent atteindre deux mètres de haut pour une longueur de plusieurs centaines de mètres.

Ailleurs, ce type de pièges très élaborés n’existe qu’à Ré et Noirmoutier (où elles sont plus petites) et curieusement on en retrouve quelques unes en Andalousie prés de Chipiona.

 

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©Nicolas Seguin pour toute cette page

 

C’est cependant à Oléron que la technique s’est le plus développée puisqu’on en comptait 237 vers la fin du XIXe siècle. Certes, il n’en reste plus aujourd’hui que 17 mais elles sont bien vivantes, pêchées et entretenues par une centaine de passionnés.

 

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Si la réglementation n’en permet plus une exploitation à des fins commerciales (la ressource en poisson ne serait d’ailleurs pas suffisante), les écluses sont gérées et restaurées par des équipes de codétenteurs, sous le régime de concessions attribuées par les Affaires maritimes. Leur droit de pêche y est assorti de contraintes comme le paiement d’une redevance, déclarations de la pêche et obligation d’entretien de l’ouvrage.

 

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Les écluses à poissons représentent un véritable patrimoine pour l’île d’Oléron, tant sur le plan architectural avec de nombreuse particularités (« bouchots » ouverts ou pontés, « couets », « clés »…), que sur le plan socioculturel avec leur gestion communautaire et la transmission de savoir entre les générations ou encore environnemental car elle forment de petites réserves pour la faune et la flore de nos estrans. Depuis 1987, l’Association de sauvegarde des écluses de l’île d’Oléron regroupe l’ensemble des codétenteurs d’écluses pour soutenir leur travail, faire connaître et reconnaître ce patrimoine unique et a même réussi à faire évoluer la réglementation maritime qui prévoyait leur destruction jusqu’en 1999.

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C’est de la passe de l’Écuissière, sur la côte Ouest de la commune de Dolus que l’on peut apercevoir la seule écluse encore en activité pour la moitié Sud de l’île, bien qu’il y en ait eu jusqu'à Grand Village, sur des rochers aujourd’hui sous les sables. C’est la dernière d’un complexe d’une quinzaine de pêcheries construites sur les rochers d’Avail à l’Écuissière depuis le début du XVIIIe siècle.

 

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Nommée « les Rabaudes », du nom sans doute de son premier propriétaire, elle a pris le nom de sa voisine, en ruine, suite à une erreur d’écriture sur le cadastre maritime et s’appelle donc « les Vincentes ». Les noms des écluses sont très variés et peuvent être liés a une personne (madame Naud, Laure Brégaud…) ou à une famille (les Ricoutes, les Berbudaudes, …) mais aussi à leur emplacement (la Conche verte, la Pointe des fontaines, …) ou encore à toute sorte de particularité ou d’anecdote liée à leur construction ou leur fonctionnement (la Jalousie du Fontruplat, Coup de Botte, l’Espèrance, …).

 

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« Les Vincentes »

« Les Vincentes » est une écluse de taille modeste de par sa superficie d’environ 2 hectares mais son mur est très imposant dans sa partie la plus éloignée ; elle n’est pas très pêchante du fait de son mauvais état mais son équipe, très motivée, œuvre à sa restauration depuis plus de dix ans. C’est un travail de longue haleine car après une période de semi-abandon dans les années 90, de nombreuse brèches et affaissements se sont produits nécessitant aujourd’hui démontage systématique et reconstruction totale du mur, portion après portion. Ces travaux sont effectués en commun par les six membres de l’équipe lors de « marées de travail » qui ont lieu une à deux fois par mois, tout au long de l’année. La construction est réalisée entièrement à la main selon une technique d’assemblage ancestrale qui est transmise au fur et à mesure des chantiers.

 

écluse Les Vincentes

 

Seul le transport des pierres, effectué au « boyard » (brancard) pour de courtes distances est relayé par un tractopelle financé par l’association. En effet, lors de leur construction originelle, les pierres étaient directement extraites sur place et les excavations produites étaient aménagées en une zone de pêcheries à l’intérieur de l’écluse, nommée « la foue ».

 

panier et poissons

 

Aujourd’hui, ces techniques de « débarajhe » ou « débanchage » sont interdites car trop destructrices pour le milieu naturel qui subit d’ailleurs de nombreuses pressions, il est donc plus simple de récupérer les pierres issues des anciennes écluses dispersées sur l’estran.

Actuellement la survie des écluses dépend essentiellement de la capacité de travail (bénévole) des codétenteurs et du renouvellement des équipes dans le temps. Le principal problème réside dans l’entretien et la restauration des ouvrages qui, en dehors de leur vieillissement naturel, subissent encore des dégradations par certains pêcheurs à pieds mal intentionnés (en diminution) ou simplement par la négligence et la méconnaissance de la réglementation en matière de pêche à pied.

 

seiche camouflée au fond d'une pêcherie

Alors, pour que continue à vivre ce patrimoine quasi unique en Europe, merci de respecter la réglementation en vigueur et d’éviter de marcher sur les murs pour ne pas inciter les moins avertis à s’y rendre.

Réglementation sur les écluses et autres concessions maritimes comme les parcs à huîtres

Toute pêche à pied interdite (coquillages, crabes, poissons…, pêche au lancer) :

      - à l’intérieur, sur toute la surface de l’écluse ;

      - sur les murs ;

      - à moins de 25 mètres à l’extérieur des murs ;

Pose de filet calé interdite à moins de 50 mètres à l’extérieur des murs ;

Toute dégradation interdite sous peine de poursuites (décret n°2000-272 du 22 mars 2000).

Bibliographie

- Les Écluses à poissons d’Oléron - mémoires de pierres (Bordereaux, Debande, Desse-Berset, Sauzea - Geste éditions

- Souvenirs de l’île d’Oléron – tome 2 – les Écluses - (Lafon) éditions Rupella

- Les cahiers d’Oléron – les Écluses - éditions Local

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